A la rencontre de Pierre et sa ferme.

« Je n’ai pas toujours voulu être maraîcher. Pendant un temps, j’ai voulu lancer une boite d’éco-construction car j’en avais un peu marre de l’activité maraîchère. Bon c’était bancal et ça n’a pas trop pris. Ma femme, elle, continuait de jardiner et de faire vivre la ferme en se disant : Mais qu’est-ce qu’il fout celui là ?? Ahaha, elle avait raison. Ni une, ni deux, j’ai repris ma casquette de maraîcher, et aujourd’hui nous vivons de cette activité depuis 30 ans ». Tels ont été les premiers mots de l’immense Pierre Besse.

 

Exactement vingt-quatre personnes ont visité la fabuleuse ferme de Pierre et Nicole Besse à Lagardelle-sur-Lèze à 30 km au sud de Toulouse.

Nous tenons à applaudir très fort les trois personnes d’un courage ultime qui s’y sont rendu(e)s à vélo. Retour sur cette visite.


La visite a démarré par un petit tour de table pour que tout le monde puisse se connaître. Autour de la « table » il y avait principalement des citadin(e)s qui avaient de l’intérêt pour la paysannerie, la permaculture, l’agroécologie, le jardinage et tutti quanti ! Chacun(e) avait un vocabulaire bien à lui, un parcours original (ou pas), une conception de l’agriculture particulière. Il fallait donc approcher de plus près le réel en allant au contact d’un paysan qui pratique, fait, transforme.

Mais qui est donc Pierre Besse ?

En parallèle de son diplôme d’agronomie, il lit les livres comme la plupart des étudiants d’aujourd’hui qui arrivent à mettre à distance internet. Il tombe sur un bouquin qui le touche particulièrement : « La révolution d’un seul brin de Paille », écrit par Masanobu Fukuoka. Un paysan Japonais qui propage l’idée « d’Agriculture Naturelle » qu’il théorise et pratique lui même au sein de sa ferme. Ses méthodes sont nouvelles (et surtout anciennes) et la philosophie qui l’accompagne est plutôt de cultiver avec son environnement plutôt que … contre. La lecture est donc fortement recommandée. Par la suite, Pierre nous explique qu’il a passé huit ans en tant qu' »apprenti  » maraîcher sur un terrain à Ramonville prêté par la collectivité. Il expérimente l’activité sur deux hectares qui étaient selon lui « beaucoup trop pour ce qu’il savait faire ». Mais il s’accroche et persévère grâce à l’encouragement et la formation de sa « tutrice » Emilia Hazelip. Puis en 1997 il  achète, avec sa femme Nicole, 4 hectares de terrain à Lagardelle sur Lèze, construit sa maison et commence à produire de manière biologique mais assez « classique ». En 2006, il met en pratique une agriculture plus résiliente et décide d’arrêter le travail mécanisé et mécanique.

Et la ferme ?
Voici la description que nous pouvons vous faire : une magnifique maison en terre-paille auto-construite après quatre ans de travaux, un hectare de maraîchage inspiré de la permaculture, un verger, un poulailler sans poule et un espace test. A l’écrit cela semble presque un peu « bateau » nous en convenons. De visu, c’est autre chose. Mais vous ne pouvez pas vraiment comprendre malheureusement !
Bref, nous continuons la visite et arrivons sur l’Espace TEST. Une jeune femme d’une trentaine d’années, ancienne commerciale, se forme depuis le début de la saison en expérimentant le maraîchage sur petite surface. Pierre et Nicole lui laissent une partie du terrain et lui apportent quelques conseils quand elle en a besoin. Elle jongle entre autonomisation et formation… « Royal » pour se lancer dans de bonnes conditions. Son discours est passionnant, léger et nous nous identifions facilement à cette « jeune débutante ». Nous pensons tous :  » Peut-être que moi aussi en fait je pourrai devenir paysan(e) … ?   » Je vous laisse imaginer la cogitation au retour de la ferme.

17 h : Les giboulées de mars n’en finissent plus. Nous décidons de s’arrêter là, nous remercions chaleureusement Pierre Besse pour sa disponibilité et lui proposons, en échange, de prêter mains fortes pour un futur chantier participatif.

Pierre a su nous conter avec passion la vie d’un paysan qui, avec trente ans de recul, garde une philosophie (et une pratique) qui alterne entre la recherche d’autonomie, de cohérence mais aussi la volonté de rester ouvert et disponible aux autres.

Encore merci à Pierre et Nicole de nous avoir accueilli. Merci également à l’association Toulouse en transition qui ne cesse de fournir un travail acharné, et tout simplement exceptionnel.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la ferme, voici les liens :

A très vite pour une prochaine visite.